Comment Jane Poupelet a-t-elle contribué à la réinsertion des soldats de la Première Guerre mondiale ?

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Née en 1874 à Clauzure, Jane Poupelet fait ses études à l’école des beaux-arts et des arts décoratifs de Bordeaux, où elle est la première femme à être admise. Après avoir obtenu un diplôme de professeur de dessin, elle va suivre une formation auprès du sculpteur français Lucien Schnegg, qui réalisera notamment un de ses plus célèbres portraits. Entre 1899 et 1901, elle expose sous le pseudonyme masculin de Simon de la Vergne au Salon de peinture et de sculpture, et se verra notamment décerner une médaille de la part du Jury sans qu’il ne sache qu’il venait de récompenser le travail d’une jeune fille. Mais que représente son art? Jane Poupelet va se faire connaître pour ses nus féminins, emplis de grâce et de sensualité et se spécialise  également dans la sculpture animalière stylisée, qui séduit grandement le public et lui permet de vivre de rentes.  En bref, au début du 20 ème siècles, Jane est devenue une figure importante de la scène artistique, qui reçoit de nombreuses commandes et qui arrive à vivre de ses créations. Mais en 1918, une nouvelle mission l’attend, bien différente de ce qu’elle connaît et fait jusqu’alors. En cette fin de Guerre, Jane va décider de mettre son talent et son travail au service des soldats revenus du front et plus précisément au service des mutilés de guerre. Ceux que l’on appelaient les “Gueules Cassés” affichaient alors tant mentalement que physiquement leurs séquelles et traumatismes rencontrés au front, si bien qu’il était parfois complexe pour certains de retourner dans leur familles par peur de leurs réactions. Jane Poupelet rejoint le « Studio for Portrait Mask », un atelier parisien sous l’égide de la Croix-rouge Américaine. Elle y rencontre la sculptrice américaine Anna Ladd, avec qui elle va œuvrer par la sculpture à la reconstitution de l’apparence des visages pour les mutilés de la Grande Guerre. Leurs créations, à mi-chemin entre le moulage médical et la composition artistique, vont reconstituer la partie du visage des blessés et occulter la zone endommagée. Et la tâche n’est pas facile. En effet, les masques faits de plâtres, puis de cuivre recouvert de peinture émaillée qui simulent la peau humaine, demandaient une grande minutie, et une seule prothèse nécessite généralement un mois entier de travail. Elle même détaillera sa mission en disant, je cite, "Mon objectif [est] de mettre dans le masque une part de cet homme, c'est-à-dire l’homme qu'il était avant la tragédie".Jusqu’en 1920, Jane participe bénévolement à la création de centaines de masques. Bien que les prothèses du « Studio for Portrait Mask » ne soient qu’éphémères et tendent à figer les expressions de leurs porteurs, la reconstruction des visages et des identités par l’art permit à certains soldats de se réinsérer socialement dans la société d’après-guerre. La jeune sculptrice française a réussi à mêler l’art à un rôle structurant dans cette France meurtrie, et a contribué au fil de son travail et de son investissement, à soigner des blessures grâce à sa sculpture et son talent.  Voir Acast.com/privacy pour les informations sur la vie privée et l'opt-out. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

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