D'où vient le mot “turlupiner” ?
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Vous vous en doutez peut-être, si je vous parle aujourd’hui de ce terme, c’est qu’il est dans ses racines étroitement lié au domaine des arts, et plus précisément rattaché au théâtre. Le mot “turlupiner” dans son sens originel, s’éloigne quelque peu de la définition que nous lui accordons aujourd’hui. Turlupiner signifiait selon le dictionnaire de la langue française, dans son utilisation première le fait “de se moquer de”, comme on le retrouve dans la correspondance de Joseph de Maistre, homme politique père de la philosophie contre-révolutionnaire. Il écrit par exemple en 1807 : “Il a reçu les papiers où on le turlupine, et il les a fait courir lui-même de fort bonne grâce”. Le terme a évolué pour rentrer dans notre vie courante comme le synonyme de “Se tourmenter, se faire du souci.” On retrouve une trace du sens moderne du mot dans les Œuvres complètes de Verlaine dans lequel il déclame en :” [L'amant] se turlupine donc à tort! Puisque il est l'aimé! “. Mais alors quelle est l’origine de ce mot étonnant ? Figurez-vous que ce terme rentre dans la catégorie des antonomases.L’antonomase est une figure de style qui consiste à transformer un nom propre en nom commun ou dans notre cas en verbe. En effet, le mot turlupiner découle du nom Turlupin, qui était un personnage de théâtre inventé et incarné par le comédien parisien Henri Legrand au 17ème siècle. Il sera apprécié pour son personnage présent dans des farces, qui lui fait valoir un certain succès aux alentours des années 1620. Il développe un personnage inspiré des "zannis", les valets de comédies descendant des bouffons de la comédie antique, à ceci près qu’il lui insuffle un caractère fourbe et une tendance à la moquerie. Faisant partie d’un trio avec deux autres farceurs du nom de Gaultier Garguille et Gros-Guillaume, Turlupin reste néanmoins le plus italien des trois personnages, en se montrant au public galant et jovial. Il est donc dans cette optique l'ancêtre du Scapin de Molière. Turlupin donnera son nom à un genre de farce, que l’on nomme Turlupinades , dans lesquelles se côtoient calembours, mises en scènes burlesques et jeux de mots faciles. De là, le mot sera tombé dans notre vocabulaire comme “une plaisanterie de mauvais goût”, avant de glisser sémantiquement dans la peau d’un verbe passant de la moquerie à la tourmente et au souci. Aujourd’hui, le mot s’est enrichi dans notre utilisation d’un pronom réfléchi de la même personne que le sujet, comme dans l’exemple : “Cela me turlupine”. Voilà, vous en savez donc un peu plus sur ce mot à l’histoire riche et sinueuse que l’on aura hérité du monde du théâtre et plus précisément de la farce. Voir Acast.com/privacy pour les informations sur la vie privée et l'opt-out. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.