Pourquoi Jean-Baptiste Camille Corot est l’un des peintres les plus imités de l’histoire de l’art ?
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L’historien de l’art René Huyghe dit de Corot sur le ton de la plaisanterie en 1936, je cite qu’il “ est l’auteur de 3 000 tableaux dont 10 000 ont été vendus en Amérique.” Jean-Batiste Camille Corot est un peintre français né en 1796 à Paris. Fils de drapier, il se met à la peinture à l'âge de 26 ans, avec une formation artistique relativement légère. Considéré pendant un certain temps comme un peintre amateur, il finira par trouver la reconnaissance des milieux artistiques notamment pour ses retranscriptions de paysages bucoliques qu’adoraient Delacroix et Baudelaire. Voyageant partout en France et également en Italie, il fige sur la toile sa spontanéité picturale qui donne aux cours d'eau et aux arbres qu’il peint une représentation unique. Célèbre pour ses paysages, il peint également de nombreux portraits mis en lumière par une exposition organisée au musée Marmottan-Monet à Paris. Mais Corot est aussi connu pour être devenu la hantise des professionnels tant il a attiré l'intérêt des faussaires. Bien qu’il ne soit pas le seul peintre à les avoir inspirés, il est néanmoins considéré par Vincent Pomarède, conservateur au Louvre comme l’un des artistes les plus copiés de la peinture française. Mais alors pourquoi et comment en est-on arrivé là ? De son vivant, des faux Corot circulent déjà. Ces imitations de tableaux se mettent alors rapidement à se multiplier à partir des années 1860, alors que sa renommée commence à être bien établie. Et le trafic était important, si bien que des collectionneurs se sont fait avoir, le Louvre lui-même ayant exposé des faux Corots, ce que confirme Vincent Pomarède. En plus des œuvres réalisées par des faussaires, il faut ajouter à cela le fait que Corot peignait parfois le même motif avec d’autres artistes, créant ainsi des œuvres stylistiquement très similaires les unes aux autres, ce qui venait compliquer la tâche aux spécialistes. De plus, Corot pouvait également peindre des variantes de ces tableaux, travailler en collaboration avec d’autres peintres, ou encore donner aux élèves de son atelier ces œuvres comme modèle, ce qui venait également complexifier l’ensemble du réseau de faux tableaux sur le marché. Plus rarement, il lui est arrivé une fois ou deux selon Pomarède, d’aller jusqu'à signer les œuvres de ces compagnons dans le besoin. Tout cela à contribué à faire circuler sur le marché de l’art énormément de faux tableaux de Corot. Ce trafic est essentiellement concentré sur les paysages de Corot, qui comportaient des éléments récurrents plus simples à recopier pour ceux qui le voulaient. En ce qui concerne les profils des faussaires, cela allait de l’imitateur isolé dans l’entourage du peintre, tel Achille Oudinot, jusqu'à la filière de production industrielle de faux. Dans ces dernières, on composait des tableaux «à la manière de», avant d’y incorporer la signature du maître, l’artiste Fernand Léger ayant par exemple travaillé d’en l’une d’elles à Paris. En somme, Corot aura été une cible idéale pour les faussaires, de par sa longévité artistique et l’abondance de son œuvre qui semble peu onéreuse à contrefaire. Voir Acast.com/privacy pour les informations sur la vie privée et l'opt-out. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.