Pourquoi l’enterrement de Molière fut-il si discret ?
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Le 17 février 1673, alors qu’il venait d’achever la 4ème représentation du Malade Imaginaire, dont il jouait le rôle principal, Jean Baptiste Poquelin dit Molière meurt dans la soirée. Les circonstances de sa mort ont suscité de la part de ses contemporains mais aussi des générations suivantes, de nombreuses légendes. Non, Molière, ne s’est pas éteint sur scène mais bien chez lui rue Richelieu à Paris. Les décisions données pour prendre en charge les restes du célèbre dramaturge de la Troupe Du Roi semblent alors paradoxales au vu du succès unanime qu’il rencontra de son vivant, tant comme acteur que comme auteur comique. Mais comment se fait-il qu’un artiste si reconnu et acclamé de son vivant soit enterré sans faste et à la nuit tombée ? Après sa mort inattendue, la sépulture catholique lui est dans un premier temps refusée. Pourquoi ? A cette époque, le métier de comédien est considéré comme infâme, et ceux qui exercent cette profession sont excommuniés. Impossible pour un comédien d’obtenir une sépulture ecclésiastique, à moins de renoncer par écrit à sa profession ou bien d’en faire la déclaration sur son lit de mort en présence d’un prêtre. Le problème est que Molière n’a pu ni signer ni renoncer oralement. Sa femme Armande Béjart, comédienne parisienne surnommée la Molière, avait pourtant appeler trois prêtres durant les dernières heures de vie de son mari mais deux refusèrent de venir et le troisième arriva trop tard. Armande Béjart alla jusqu'à dénoncer au roi Louis 14 l'injure que l'on faisait à la mémoire de son mari en disant, je cite les mots de M. Brossette avocat lyonnais, “que si son mari était criminel, ses crimes avaient été autorisés par sa Majesté même”. Après plusieurs requêtes, l'archevêché de Paris autorise, tout de même, une sépulture ecclésiastique aux restes de Molière à condition que cela soit je cite “sans aucune pompe et avec deux prêtres seulement, et hors des heures du jour et qu'il ne se fera aucun service solennel pour lui”. Preuve concrète d’une société où la religion prévalait sur le succès populaire, le convoi et l’enterrement de Jean Baptiste Poquelin se déroulent dans la discrétion à partir de 9 heures du soir le 21 février 1673. Mais en plus de cet argument religieux, la Gazette d’Amsterdam justifie également l’enterrement de nuit pour éviter, je cite, “la foule incroyable de peuple qui se serait trouvée à son convoi, si on l'eût fait de jour.” Néanmoins, selon les dires du journal, il y eut quand même quelque 700-800 personnes suivi du même nombre de pauvres pour assister à l’enterrement dans le cimetière de la chapelle Saint-Joseph, situé sur la paroisse de Saint-Eustache à Paris. En 1817, les restes de Molière finirent finalement leurs périple au cimetière du Père Lachaise. Le plus célèbre des dramaturges français n’a donc pas eu un enterrement aussi faste que ce que l’on aurait pu croire. Voir Acast.com/privacy pour les informations sur la vie privée et l'opt-out. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.