Pourquoi les représentations de l’art égyptien montrent-elles des personnages de profil ?

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La civilisation égyptienne antique est caractérisée par une certaine longévité et stabilité en ce qui concerne l’art. En environ 3120 ans d’histoire et d’évènements, l’Egypte antique a pu développé et adapté sa propre conception de ce que nous appelons aujourd’hui l’art, et parmi les nombreuses occupations artisanales pratiquées à l’époque, nous nous arrêtons aujourd’hui sur la peinture et le dessin. D’abord, comme de nombreuses civilisations de ce temps, l'art égyptien est avant tout un art fonctionnel. Bien entendu, les artistes égyptiens cherchaient à représenter de la plus belle des manières qui soient, mais le concept de “l’art pour l’art” était absent des mentalités de l’époque. Et c’est dans cette logique que prennent place ces fameuses représentations de pharaons, de dieux, ou bien d’autres acteurs importants de la société. Les artistes Égyptiens, qui faisaient partie de l’élite de la population sachant lire et écrire, ne s'intéressaient pas au fait de capter le réel tel qu’il est, à figer un portrait du monde par la peinture ou la gravure. Au contraire, la représentation du corps est alors extrêmement normée. Comme vous le savez peut-être, les personnages dans l’art égyptien ne sont pas totalement représentés de profil. Que ce soit sur des papyrus, des poteries, dans des tombeaux ou autre, ils sont alors fréquemment dessinés et sculptés avec le visage de profil, un oeil vu de face, des jambes séparées et de profil tout comme les hanches et enfin une poitrine de face faisant apparaître leurs deux bras. Mais alors pourquoi cette hybridation dans leurs retranscriptions picturales ? Partant de ce constat, ce type de représentation est considéré par l'Égyptologie comme aspective, c'est-à-dire qu’elle occulte toute notion de perspective. Elle vise donc à transmettre une version purement conceptuelle et la plus exhaustive possible de l’être humain, et c’est en cela qu’elle se rapproche par nombres de ces aspects du mouvement cubiste qui apparaîtra des milliers d’années plus tard dans l’histoire de l’art. Pour résumer cette manière de construire une œuvre, on peut alors dire que les artistes égyptiens ne dessinent pas ce qu’ils voyaient, mais ce qui donnait du sens pour eux. C’est pour cela que les deux épaules des personnages apparaissent sur les représentations, les deux seins, les deux bras, les deux jambes, etc. pour éviter de reproduire partiellement une entité. Une hypothèse plus religieuse est également avancée pour expliquer cette représentation. Une personne devait être montrée sous tous ses aspects car c’était comme cela qu’elle devait se réincarner par la suite, il fallait alors détailler chacun de ces membres. Si vous vous demandez comment les artistes faisaient pour construire ce genre de représentations, ils utilisaient des grilles préparatoires qu’ils peignaient sur leurs dessins pour réaliser les bonnes proportions et ainsi normaliser la scène. Ces grilles n’avaient pas vocation à rester sur le dessin et n’étaient pas une nécessité absolue pour la création d’une œuvre, mais on en retrouve de nombreuses encore présentes et visibles . Voilà, vous en savez maintenant un peu plus sur l’art Egyptien et notamment sur l’importance accordée aux représentations complètes et non photographiques des personnages. Learn more about your ad choices. Visit megaphone.fm/adchoices

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