Qu’est-ce qu'une “bibliopégie anthropodermique” ?

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De tout temps, les reliures de  livres, c'est-à-dire l’habillage qui donne sa forme définitive à un ouvrage, se sont parés de différents types de matériaux. Qu’elle soit en carton ou en cuir, la reliure reste un élément précieux qui, comme nous allons le voir, peut donner une importante valeur ajoutée à l'œuvre. Seulement, la bibliopégie anthropodermique que je vous présente aujourd’hui est une pratique de reliure un petit peu particulière. Le mot bibliopégie désigne en grec ancien l’art de la reliure et le terme anthropodermique regroupe l’anthropos, l’être humain et le derma, la peau, donc la peau humaine. Vous commencez peut-être à vous en doutez,  la bibliopégie anthropodermique est une pratique qui consiste à relier un livre avec de la peau humaine !  Selon Jennifer Kinner, docteure en archéologie préhistorique et funéraire, cette pratique pour le moins originale prend son essor au 19ème et au début du 20ème siècle surtout en France, en grande bretagne et en Amérique. On retrouve néanmoins un ouvrage en peau humaine datant de plus de 7 siècle qui est une bible médiévale du 14ème conservée à la Bibliothèque Nationale de France. Mais alors comment cette pratique étonnante est-elle née et s’est-elle répandue ? Selon Jennifer Kinner, il n y a que 138 volumes fait en 1 siècle de réelle pratique,  ce qui en fait quelque chose d’assez rare. Mais, je la cite, “La rareté est le but recherché, puisque cette pratique apparaît dans un mouvement ou l’élite intellectuelle et bourgeoise souhaite montrer au grand jour ses moyens financiers”. Les reliures en peaux humaines se popularisent donc dans un souci de distinction, mais y a t-il un réel intérêt à avoir entre ces mains ce genre d'œuvres ? Le livre Des Destinées de l’âme de l’auteur français Arsène Houssaye, dont la reliure est d’origine humaine, est détenu à l’Université de Harvard. On trouve une note à l'intérieur du livre qui explique ce choix par le fait, je cite, “qu’Un livre sur l’Âme humaine méritait bien qu’on lui donna un vêtement humain:  lui avait-on réservé depuis longtemps ce morceau de peau humaine pris sur le dos d’une femme”. Par cohérence avec le sujet donc, mais également par cohérence avec une iconographie macabre. A quoi ressemble un tel procédé ? Rassurez-vous, la peau humaine est dans cette circonstance tannée, et il est alors difficile de la différencier visuellement d’un cuir animal. Mais il arrive que le relieur ait envie que l’on remarque qu’il s’agit d’une couverture humaine, il va alors prendre une partie significative du torse humain pour faire une reliure, laissant par exemple apparaître un téton. Ce sont fréquemment les peaux de condamnés à mort qui sont utilisées pour relier des livres parfois en lien direct avec leurs situations, comme le compte rendu de leurs procès. Bien que la pratique de la  bibliopégie anthropodermique est perdu progressivement de l'intérêt, certaines personnalité du 20ème siècle s’y sont intéressées, c’est le cas de Camille Flammarion, vulgarisateur et astronome français, qui gardait un exemplaire d’un des ses livres, Terres de ciel, relié avec la peau des épaules de l’une de ses admiratrice dont s’était le voeu ultime. Voir Acast.com/privacy pour les informations sur la vie privée et l'opt-out. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

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