Qui a trouvé le fameux titre “J’accuse” à la place d’Emile Zola ?
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En 1894, Alfred Dreyfus, officier d’état major de confession juive est accusé à tort d’avoir livré des documents à l'Allemagne, et sera par la suite exilé sur l’ile du diable en Guyane Française. Le véritable coupable est trouvé en la personne du commandant Walsin Esterhazy, fait reconnu par le lieutenant-colonel Georges Picquart. Malgré les tentatives de l’Etat-Major pour étouffer l’affaire, un soutien grandissant pour Dreyfus oblige l’état-major de l’armée à faire comparaître Esterhazy en conseil de guerre. Le 11 janvier 1898, il est néanmoins acquitté. Et c’est ce verdict qui pousse l’écrivain Emile Zola à se positionner de manière assez poussée dans l’affaire en accusant entre autres 10 hommes d’Etat par écrit. Le 13 janvier 1898, soit deux jours après l’acquittement d’Esterhazy, Emile Zola publie son très célèbre article nommé “J’accuse” dans le journal L'Aurore. Le texte, construit sous la forme d’une lettre ouverte, au président de l’époque Félix Faure, reste encore aujourd’hui un des symboles du pouvoir de la presse et de l’engagement d’un auteur dans la lutte contre l’iniquité. Mais alors, quelle est l’histoire du titre de cet article resté ancré dans les mémoires comme un cri poussé par Zola ? Il n’a pas été imaginé par l’écrivain. En 1898, Emile Zola est déjà au sommet de sa gloire, ayant terminé sa saga des Rougon-Macquart. Contrairement à ce que dit la légende, il n’écrit vraisemblablement pas son article en deux jours vu la densité de son texte, mais la commence en décembre 1897 selon l’historien Alain Pagès. Écarté du Figaro après son positionnement en tant que dreyfusard, il se dirige vers le journal L’Aurore, jeûne quotidien militant qui mêle actualité artistique et espace d’expression politique, incarné par Georges Clemenceau, son éditorialiste. Emile Zola rencontre alors Ernest Vaughan, le directeur de l’Aurore, un jour après le procès, le 12 janvier, pour présenter son article, à l’origine titré plus prosaïquement “Lettre à M. Félix Faure Président de la République “ . Après la lecture devant toute la rédaction de son pamphlet, l’équipe du journal bute sur le titre, choisi dans la lignée de ces anciens articles comme “Lettre à la jeunesse”. Vaughan et Clemenceau s'emparent du texte et décident d’en changer son intitulé, qui ne correspond pas, selon eux, au format d’un journal. Vous vous en doutez, leurs but était de faire en sorte que le titrage de la une soit visible de loin mais qu’il puisse également se crier dans la rue. En effet, l’information à cette époque dans les grandes villes tout du moins, circule et se transmet en l’extérieur. Il s’agit aussi de reprendre les codes des journaux du soir principalement anti-dreyfusard, contre lesquels Zola se dresse, pour pouvoir attirer une partie de leurs lectorats vers ce coup d’éclat de l’auteur. Et c’est du futur président du Conseil des ministres français, Georges Clémenceau, que viendra l’idée. Pendant la réunion du journal, il s’écrit alors, je le cite, « Mais Zola vous l'indique, le titre, dans son article : c'est “J’Accuse...!” Ainsi sera validée la mise en place d’un titre qui frappe au premier coup d'œil. L’article, distribué dès 8h du matin en France le 13 janvier 1898, est vendu 200 000 à 300 000 exemplaires en quelques heures à Paris. Habitué à une audience assez modeste, La publication du pamphlet de Zola constituera l'heure de gloire du quotidien l’Aurore. Voir Acast.com/privacy pour les informations sur la vie privée et l'opt-out. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.